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Nous nous sommes retrouvés une belle trentaine sous les platanes de la cour du Domaine accueillis par Sophie Monteillet et Françoise Lebreton.
L’exploitation a vu le jour dans les années 60 où pour la première fois un vigneron précurseur, M Baujard, plante des vignes dans les garrigues. Hans Walraven, hollandais rachète ensuite l’exploitation dans les années 90 et va développer le marché à l’international. Bruno Lebreton, son œnologue pendant plus de dix ans va racheter avec son épouse Françoise l’entreprise mis en vente en 2008.
La volonté du couple est de développer une exploitation respectueuse de la garrigue et de la nature qui entoure le domaine, pour faire des vins de qualité, abordables « le grand cru de tous les jours ». Dès 2013, Le domaine obtient, une première dans l'Hérault, le label HVE (Haute Valeur Environnementale) grâce aux pratiques d'agriculture raisonnée, Attention portée à aux parcelles agroforestières et à la biodiversité mais également aux hommes et femmes qui travaillent sur l’exploitation. En 2014, l’exploitation met en place sa démarche RSE.
Le domaine de la Jasse et celui de Montlobre, les deux facettes de la même maison LeBreton (MLB) l’une en Grès de Montpellier, l’autre en Pic Saint loup emploient jusqu’à 18 permanents.
Ils interviennent sur les 50 hectares exploités pour la vigne ainsi que sur les 170 hectares restant de garrigues, comprenant autant de prairie que de forêt. Les garrigues ne rapportent pas de revenus directs et nécessitent un soin constant pour enlever les broussailles qui pourraient prendre feu, tailler les branches fragiles, planter ou replanter mais en retour la nature préservée est le refuge pour les insectes polinisateurs, les oiseaux et autres auxiliaires qui aident à lutter contre les maladies dues aux nuisibles.
La culture est raisonnée, le vignoble enherbé, les sols jamais laissés à nu, aucun herbicide n’est introduit, la fertilisation est entièrement naturelle. Pourtant la Jasse, ne recherche pas le label Bio. Celui-ci avec ses cuivre et soufre qui finissent par saturer le sol leur semble moins naturel que leur mode d’exploitation responsable. Grace à l’ensoleillement dans le Sud
il est aussi plus facile de lutter contre les maladies sans pesticide avec les auxiliaires et seul le traitement obligatoire de la flavescence dorée est réalisé quand nécessaire. Les Lebreton ont aussi le souci préserver les milieux humides et la ressource en eau pour faire face aux sécheresses de plus en plus accentuées.
Pour la vigne, à la fin de l’hiver les viticulteurs commencent le taillage de la vigne aidés de machines qui font un prétaillage et nettoient les inter-ceps. En avril les petits bourgeons apparaissent, ceux-ci sont très sensibles aux gelées tardives. Les raisins changent ensuite de couleur en fin du printemps et grossissent avec les premières chaleurs de l’été,
La vendange est réalisée de fin aout à mi-septembre selon les cépages. Là encore, la vendange est réalisée avec des machines très performantes qui donnent des bacs emplis de raisins très propres sans rafles ni feuilles.
M Lebreton a choisi et introduit des cépages « exotiques pour les années 2000 » merlot, cabernet sauvignon, chardonnay à côté de la syrah et du grenache local. Depuis quelques années, il introduit d’autres cépages rolle (vermentino), viognier puis toujours à la recherche d’innovation des cépages hybrides comme le floréal, issu des recherches de l’Inra pour trouver des cépages résistants au mildiou et l’oïdium.
2024 sera une très belle année, pas de gel, croissance de la vigne sans maladie. Qui effacera le souvenir de l’année 2021 où on comptait jusqu’à 30% de raisins perdus.
Nous admirerons les belles cuves inox un investissement important réalisé par le propriétaire Hollandais, qui permet de gérer finement les assemblages. Les rouges y séjourneront 10 jours pour leur première macération afin de laisser s’exprimer les tanins. Les blancs et rosés du millésime 2024 seront mis en bouteille en janvier février. Les rouges resteront un an de plus en cuve parmi lesquels certains seront ensuite élevés en barrique 18 mois de plus.
Le domaine est aussi une machine de développement commercial avec 90% de la vente à l’export, principalement Irlande et Europe du Nord. Le circuit de distribution passe par les restaurateurs et les cavistes et des ventes directes aux particuliers.
Autres innovations écoresponsables, les bouteilles de la Jasse sont plus légères et n’ont plus de collerette, cette tradition esthétique n’apportait rien au vin et restait très polluante car difficilement recyclable.
En 2023, reconnaissance majeure de tous ses efforts, la Maison Lebreton est certifiée B CORP, une distinction rare qui la fait rejoindre la cour des grands : Bollinger, Château Laffite.
Après avoir admiré le savoir-faire du service d’embouteillage, un gros camion rutilant qui fait le tour des domaines, nous avons dégusté un blanc, un rosé et un rouge de la maison La Jasse et un blanc de la maison Montlobre.
Tous également appréciés, malgré le froid qui commençait à se faire sentir de plus en plus. Et après avoir pris de quoi regarnir nos caves pour les fêtes nous nous sommes retrouvés au Clos des Oliviers pour un banquet aux avant-gouts de Noël.